Quand un nouveau vigneron s’installe dans une région comme l’Auvergne où il est difficile de mettre la main sur un bout de vigne, automatiquement les oreilles se tendent et les palais claquent. Importateurs, sommeliers, agents, cavistes et journalistes sont aux aguets. Tout le monde veut goûter, rencontrer, toucher le nouveau-né. Les infos s’échangent en catimini, en murmurant, d’oreille en oreille, à la fin d’un service, dans l’arrière-boutique et toujours avec des personnes que l’on estime évidemment. Je m’inclus dans cette pratique qui peut sembler suspecte, voire puérile. Les premiers millésimes, c’est toujours essentiel. Déjà, c’est rare, donc c’est une curiosité, mais pas seulement.

“J’ai tellement utilisé de SO2 dans ma première expérience, que c’était vraiment le truc que je ne voulais absolument plus voir.”

Ça en dit aussi beaucoup sur la personnalité du vigneron, ses principes fondateurs, oserais-je dire. Les choix initiaux qu’il a faits à la vigne et au chai définissent le style de ses vins et permettent de distinguer la famille de vignerons qu’il a choisi de rejoindre. Et même si, millésime après millésime, les vins finissent par s’affiner ou se policer, ses décisions initiales le marqueront durablement. Ils sont son ADN, sa colonne vertébrale. Benoit Rosenberger est le dernier né des vignerons nature d’Auvergne.